Latitudes
Il faut voyager pour frotter et limer sa cervelle contre celle d'autrui... Montaigne
L'invitation au voyage
mardi 31 mai 2011
Cortone
Montepulciano
Montepulciano, près du lac Trasimène, en Toscane, dans le Val di Chiana siennois, est une petite ville en briques ocre rouge des plus ravissantes. Elle s'étage sur sa colline au milieu d'un paysage splendide aux couleurs contrastées où le vert des vignes ou des cyprés tranchent sur le jaune des champs de blé et le rouge sombre de la terre de sienne. Ses palais, aux façades solides et imposantes ornées du blason des Médicis, nous rappellent par leur aspect massif et sévère que nous sommes en Toscane mais les rues toute en montée sont égayées de fleurs et de plantes vertes, bordées de nombreuses boutiques qui vendent en particulier du vin de Montepulciano, un grand cru de la région, il Vino Nobile. Les drapeaux des huit contradi flottent encore dans les rues. Nous avons manqué, à un jour près, le palio de Montepulciano qui s'est déroulé cette année 2006 le 26 et le 27 août en deux temps. Le premier jour : Le Bravio delle Botti est une course que se disputent des jeunes gens roulant devant eux de lourd barils, épreuve d'endurance et de force qui se termine à la cathédrale où se dressent encore, quand nous la visitons, les immenses cierges décorées portant le blason de chaque quartier. Le deuxième jour a lieu le défilé historique. Lorsque nous atteignons enfin le coeur la cité, la piazza del Duomo est à elle seule un résumé de toutes les beautés de cette vieille cité médiévale avec le palais communal, la cathédrale à la façade inachevée, le puits des Griffons et des Lions et le palais Tarrugi de l'architecte Antonio Sangallo il Vecchio (1520), un ensemble architectural magnifique.
lundi 30 mai 2011
Assise, la ville de Saint François
Panicale, ville d'Ombrie
mardi 18 janvier 2011
Spoleto (2) : la basilique San Eufemia
La basilique San Eufemia à Spoleto est une petite église romane inclus dans l'ensemble de l'évêché. On peut en apercevoir le chevet de la Piazza del Duomo. Le monument est de la première moitié du XIIème siècle et le style roman a certainement été influencé par l'architecture lombarde. La façade est très sobre enrichie par les formes en arcs, le portail, les fenêtres monolobées ou bilobées...
On ne peut pénétrer à l'intérieur de la basilique qu'en passant par le Museo Diocesano qui présente quelques oeuvres que j'ai aimées en particulier la Madone avec l'enfant au corail du peintre florentin dit : Maestro della Madonna Strass du XIVème siècle.
L'intérieur de la basilique de santa Eufemia est d'une belle simplicité. Les murs sont en pierre dépourvus de peintures à l'exception d'une fresque représentant Sainte Lucie. La nef centrale avec un narthex interne présente des colonnes rondes et des pilastres solides. L'un d'eux richement sculpté devait appartenir à un riche édifice du moyen-âge.
Une exposition contemporaine de Ugo Nespolo intitulée Exercices de Style s'harmonise bien avec les murs dépouillés, toiles acryliques très colorées, décorées de motifs abstraits et concrets, qui évoquent des vitraux modernes...
Une visite intéressante.
Spoleto : les fresques de Filippo Lippi
Nous nous rendons donc à Spoleto sous une pluie battante, un de ces orages méditerranéens impressionnants et nous abordons la ville au milieu d'un trafic routier inextricable... dont nous finissons pourtant par nous échapper. Nous nous garons et devons attendre la fin de la pluie pour pouvoir sortir de la voiture.
Spoleto est un ville comme toutes les autres en Ombrie, poussée sur une colline et surmontée d'une forteresse. Nous nous lançons alors dans l'ascension d'une rue puis d'un escalier glissant et plein de mousse pour atteindre la Piazza Del Duomo où se trouve la cathédrale Santa Maria Assunta. Sur la place des techniciens s'afffairent pour installer scène, chaises et sono pour le festival de musique qui a lieu comme chaque année à la fin août à Spoleto.
Elle est belle, cette cathédrale du XIIème siècle, avec sa façade rose et blanche ornée de rosaces en dentelle, surmontées d'une mosaïque byzantine, flanquée d'un campanile au toit pointu du XIème siècle. Mais nous piaffons d'impatience, les fresques de Filippo Lippi nous attendent mais nous ne pouvons entrer l'édifice étant fermé jusqu'à 15 heures.
Enfin les fresques nous apparaissent, merveilleuses, éblouissantes, elles irradient de lumière et la symphonie de couleurs qui se déploient devant nous a quelque chose d'irréel.
Elles sont consacrées à la Vierge : en haut, dans la coupole, le Couronnement, en bas, à gauche, l'Annonciation, à droite la Crèche; Au centre sur un grand panneau, la Mort.
Ce sont les dernières fresques de Filippo Lippi qui est mort avant de les avoir terminées. Son apprenti et son fils, Filippino Lippi, alors âgé de 14 ans mais déjà un grand peintre, les ont achevées d'après les cartons du maître. Et c'est un chant du cygne, un véritable chef d'oeuvre.
Il faut regarder avec soin, en prenant garde à tous les détails : le geste magnifique de recul et de crainte de la Vierge dans l'Annonciation, la transparence des ailes de l'Archange Gabriel laissant apparaître un paysage dont les perpectives se déroulent dans le lointain; L'expressivité des visages, le mélange pudique de douleur et de sérénité qui imprègne la scène de la mort; le décor de la crèche avec son auvent en paille qui donne une impression de matière; les bergers et les moutons que l'on aperçoit au loin à travers une arche dévoilant aussi les collines dans des dégradés de verts extrêmement riches.
Mais le Couronnement de la Vierge par Dieu, le Père dans toute sa majesté, est l'apothéose de cette composition puissante. Lippi parvient à jouer avec les courbes du mur pour donner un relief extraordinaire à la scène. Les personnages sont d'une grande beauté, encadrés d'un double arc-en-ciel et se détachent sur un fond bleu où éclate l'or d'un soleil triomphant. Les anges musiciens paraissent à la fois des personnages d'un monde divin avec leur visage pur, leurs boucles blondes mais aussi des enfants bien réels qui se concertent, s'affairent à leur tâche ou nous regardent avec curiosité. Les couleurs chatoient au milieu d'un semis de fleurs peintes avec une infinie précision.
L'ensemble est tout simplement fascinant, riche, d'une haute maîtrise technique et d'une grande expressivité. Tout amoureux de peinture devrait avoir vu une telle merveille. A ne pas rater.
ClaudiaLucia
Pérouse (5) : Galleria nazionale
La Galerie Nationale d'Ombrie présente une riche collection de peintures et de sculptures du Moyen-Age à la Renaissance. En se promenant dans les salles, on voyage dans le temps et l'on peut suivre l'évolution de l'art en Ombrie du XIIème au XVIème siècle et l'influence qu'a eu sur elle la Toscane, en particulier l'école siennoise. Les siennois, au trecento, ont créé leurs plus belles oeuvres tout près de Pérouse, à Assise et se sont fait ainsi connaître dans toute l'Ombrie. Plus tard au quatrocento, ce sera Florence qui sera prépondérante.
Pour les amateurs de primitifs italiens, s'il vous faut choisir par manque de temps dans la liste de tous les musées de la ville, c'est la Galleria Nazionale qu'il ne faut pas rater.
Ne serait-ce que pour les beaux visages des Vierges de Maestro di Paciano, De Bartolo di Freddo, de Fra Angelico ou Augustino Duccio ou encore les annonciations de Piero della Francesca, de Benezzo Bonfigli....
Une salle entière est consacrée à ce dernier que, pour ma part, je ne connaissais pas. Bonfigli est un peintre pérugin (1418-1496) qui a une grande notoriété à Pérouse. Ses vierges au visage très fin et lisse, ses anges musiciens aux longues boucles blondes, ses personnages éthérés se détachant sur des fonds d'or, rappellent immédiatement Benezzo Gozzoli, lui-même influencé par Fra Angelico qui a été le maître de Filippo Lippi, ce dernier ayant eu dans son atelier Botticelli... Toute une filiation se crée ainsi, que l'on peut lire de tableau en tableau, chacun s'enrichissant les uns des autres. Un vrai plaisir esthétique.
Enfin, bien sûr, vous ne pouvez manquer Pietro Vanucci detto il Perugino, le seul qui ait mérité ce surnom, le plus grand et le plus célèbre des pérugins que vous retrouverez dans d'autres endroits de la ville... Sa peinture déjà maniériste ne me plaît pas entièrement, mais j'aime la douceur de ses visages de femmes-enfants, aux joues rondes, et les paysages qui forment le fond de ses tableaux.
Claudia
Quant à moi, j'ai envie de présenter un parcours insolite de ce musée que j'ai beaucoup apprécié. J'ai d'ailleurs toujours aimé repérer dans les tableaux ce qui paraît étrange, impressionnant ou tout simplement amusant.
Salle IV sous le grand crucifix peint en relief, aux pieds du Christ, repose un crâne. Jusque là rien de plus traditionnel mais, approchez-vous, regardez bien. Le peintre a représenté le crâne sans dents, la bouche grande ouverte. Il ricane et vous regarde avec des yeux toujours présents et bien vivants dans ses orbites creuses.
Salle X dans le tableau de Piero della Francesca, une représentation de l'Esprit Saint m'étonne. Mais je la retrouverai dans de nombreux tableaux ombriens : le corps du Christ en Croix paraît, enveloppé dans des grandes ailes, mi-homme, mi-oiseau, entouré des flammes rouges, symboles de la Passion.
Salle XI : Giovanni Francesco da Reni a peint en 1464 le lion de Saint Jérome : magnifique tête du vieil animal au regard presque humain, empreint d'une grande tristesse.
Salle XII : Luca di Paolo Matelia peint Saint Sébastien avec des bottes rouges, un air flegmatique et vaguement ennuyé par ce qui lui arrive, le corps criblé de flèches !
Salle XIV, dans le tableau de Caporali (Annonciation 1480), le chat et le chien se bagarrent.
Dans son Adoration des Bergers les anges, distraits et fatigués, ne sont pas très... angéliques.
Lucia
Galleria Nazionale dell'Umbria
Palazzo dei Priori
Ouvert du lundi au dimanche, de 8h30 à 19h30.